Cette Corse d’en bas, celle qui est au prise avec des difficultés quotidiennes de plus en plus intenables !
Cette Corse dont une part importante de sa population vit dans le rural (+14 point par rapport à la moyenne nationale). Une population surexposée à l’inflation notamment concernant les dépenses liées à ses déplacement.
Cette Corse qui a fui les centres urbains pour se loger à meilleur prix mais qui se retrouve tributaire voire prisonnière de la voiture car il n’existe pas de solution alternative ou trop peu.
Vous la savez maintenant Vito Corse a attaqué, très discrètement, en justice Total Corse pour, tout d’abord, demander la suspension de sa remise (20c€/litre entre le 1er septembre et le 16 novembre 2022) et ensuite lui réclamer plusieurs millions d’euros de préjudice.
Pourtant cette remise a agité pour la première fois depuis très longtemps le marché insulaire de la distribution des carburants au bénéfice des usagers insulaires.
Comme l’a démontré le collectif Agissons contre la cherté des carburants en Corse , dans cette courte période les prix en Corse sont même devenus inférieurs à ceux pratiqués dans les Bouches du Rhône !
Cette décision du groupe Total a été prise au niveau national suite à des discussions avec le gouvernement et la Corse en a indirectement bénéficié.
Vous n’avez pas pris position publiquement sur les procédures judiciaires entamées par Vito Corse, filiale du groupe Rubis. Vito Corse qui prétend agir au nom des intérêts du groupe Ferrandi (Esso) tout en profitant de l’effet d’aubaine pour dépecer son réseau en récupérant ses stations !
Nous vous attendions grand défenseur du bien commun et vous vous posez en arbitre.
Un arbitre d’un match opposant l’intérêt particulier des acteurs de la distribution des carburants et l’intérêt général des Corses.
Vous reconnaissez les bienfaits de la remise Total et, en même temps, vous vous émouvez des conséquences au niveau du marché. Vous déplorez un affaiblissement de la concurrence.
Mais, s’il faut le soutenir ce n’est en aucun cas aux Corses de le faire. Alors que nombre de ces derniers n’arrivent plus à finir le mois comment pouvez-vous imaginer leur demander de payer le prix fort pour entretenir les acteurs de la distribution !!
Un arbitre qui se veut dépendant de la VAR (assistance vidéo à l’arbitrage) dont le rôle serait tenu par le gouvernement. Comme solde de toute action, vous évoquez des courriers envoyés et restés sans réponse. Pendant ce temps, des Corses, de plus en plus nombreux, sont contraints de faire le choix entre faire l’essence ou se nourrir.
S’il vous faut une preuve, il vous suffit de regarder le nombre croissant de ceux qui font appel aux associations caritatives (comme les restos du cœurs).
Monsieur le Président, si les Corses ont appris à vivre leur pauvreté avec une certaine fierté, il n’y a, en revanche, aucune fierté à être pauvre !
Les plus fragiles d’entre nous ont le droit à la dignité. Et, cela passe par le fait de ne pas dépendre de la charité !
Cette dignité exige, entre autres, que les prix soient régulés par un encadrement des marges de l’ensemble des acteurs de la distribution.
Le groupe Rubis, celui dont la filiale Vito Corse a exigé le retrait de la remise Total, annonce pour 2022 une bonne performance opérationnelle avec un résultat net en hausse de 10% par rapport à 2021 et des dividendes versés aux actionnaires en augmentation 3% par rapport à 2021.

Victor Hugo disait à propos de la pauvreté que « les législateurs et les gouvernants doivent y songer sans cesse ; car, en pareille matière, tant que le possible n’est pas fait, le devoir n’est pas rempli»
Pour obtenir cette régulation, les Corses étaient en droit d’attendre de votre part, vous qui savez, pourtant, si bien mettre la pression sur certains sujets, autre chose que …. quelques courriers !