La haine, c’est la colère des faibles

Mon engagement en politique est avant tout la conséquence de mon intérêt pour la société. C’est pour cela qu’un de mes hobbies consistent à comprendre les problématiques qui la concerne.

J’ai mes convictions et j’entends les exprimer en me souciant peu des effets de mode ou de la tendance du moment.

Les réseaux sociaux me permettent d’exprimer un point de vue et même si je le défends les contradicteurs, quand leur argumentation est construite, nourrissent ma réflexion. Les réseaux sociaux, même si on ne saurait réduire la société à ce qui s’y dit, permettent dans une certaine mesure de se rendre compte de ce qui peut ne pas tourner rond.

Dans cette période singulière d’épidémie, j’ai été interpellé par la facilité avec laquelle globalement on a accepté de voir réduire nos libertés les plus fondamentales à sa portion congrue.

Je ne dis pas que cela n’était pas nécessaire mais cela n’a pas donné lieu à un débat.

On a juste assisté à des pugilats virtuels et caricaturaux entre des « liberto-centrés » à tendance conspirationniste et des « sanito-centrés » à tendance collaborationniste. Les premiers criant au complot mondial les seconds se prenant pour des auxiliaires de police.

En Corse, plus précisément à Bastia, il s’est déroulé dimanche dernier un flashmob. Un groupe de personnes s’est spontanément mis à danser sur la place St Nicolas pour illustrer leur désir de liberté. Ils ont répondu à l’appel du groupe HK qui appelait à ce type de manifestations en soutien au monde culturel.

Il est vrai que cette manifestation dans un endroit public qui a aboli le masque et les gestes barrières n’était sans doute pas l’idée la plus brillante du siècle.

Mais ce qui ne manque pas d’interpeller c’est le déferlement de haine que cela a généré sur les réseaux sociaux.

Sur la base de considérations purement vestimentaires, certains ont même dénoncé les affres de la « colonisation française » en réclamant de mettre ces « pumataghji » dans un bateau au plus vite !

Ces réactions nous enseignent plusieurs choses.

Pour certains, la « corsitude » se mesure au gout vestimentaire. Pour d’autres, notre culture serait menacée par 10 à 20 personnes qui se déhanchent sur « on danse encore ».

Forcément, de là à croire que les files d’attente au burger king ou au KFC sont exclusivement constituées de « colons ». Mais bon passons…

Le hasard étant taquin, il s’est produit un autre évènement à peine quelques jours plus tard.  

En effet, mercredi dernier, nous avons avec joie vu la fin d’une anomalie sur la planète foot. Après une catastrophe économique, sociale et sportive, le SCB retrouve sa place dans le monde professionnel.

A cette occasion, des centaines de supporters, bravant le couvre-feu, se sont donnés spontanément rendez-vous pour fêter l’événement et, autant le dire, l’euphorie ne s’embarrasse pas de masque.

J’ai guetté la réaction de nos pourfendeurs de danseurs et … rien. Certains sont même allés jusqu’à applaudir aux scènes de liesse en y allant de leurs envolées lyriques.

Bien entendu personne ne saurait comparer la portée des deux événements. Les uns voulaient simplement danser tandis que les autres fêtaient la fin de quatre années de galère.

M’étant souvent interroger sur notre capacité à accepter les restrictions, je me dis que toute cocotte-minute a besoin d’une soupape pour éviter l’explosion.  

Cependant, si nous pouvons distinguer la différence entre un flashmob et un retour dans le monde professionnel du SCB, la covid en est-elle capable ?

Le virus a-t-il le sang bleu au point de laisser tranquille ceux qui explosent de joie pour saluer l’accession en ligue 2 ?

En fait, quand on veut haïr tout prétexte est bon. En l’occurrence, à l’occasion de ce flashmob, la haine du Français s’est abritée derrière des considérations sanitaires.

L’esprit de certains est si étriqué qu’ils considèrent que s’opposer à un Etat (ou plus exactement ses représentants) c’est haïr son peuple.

Pourtant, qu’a à voir la famille de bergers des Hautes Alpes avec les ordres que reçoivent les CRS qui sont sous la responsabilité du Ministre de l’Intérieur ? Rien !

Qu’a à voir la famille de pécheurs bretonne avec ces éditorialistes qui veulent redorer leur caution journalistique sur le dos des Corses ? Encore rien !

J’ajouterai qu’aucun parti n’a à prétendre au monopole de la critique d’une politique mise en place par le gouvernement. Le contraire du nationalisme corse n’est pas l’allégeance aveugle au Président ou à son gouvernement.

Que l’on soit d’accord ou pas avec elle, la lutte armée contre un Etat nécessite une dose de courage. En revanche, déverser son fiel à l’abri derrière son écran ne donne que l’illusion d’un courage purement virtuel.

Je ne peux détourner le regard devant l’expression de cette haine ma conscience la plus profonde, mes valeurs, tout ce en quoi je crois, me poussent à la dénoncer.

L’accepter ou la banaliser, c’est laisser la porte ouverte à toutes les xénophobies et à tous les racismes. Vouloir s’en servir à des fins électoralistes c’est surfer sur l’écume des égouts. Et puis, c’est bien connu, “La haine, c’est la colère des faibles !”

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