Il suffit d’ouvrir les yeux pour voir combien la situation sociale sur notre île devient de plus en plus compliquée.
Il suffit de prendre la peine d’écouter un certain nombre de maires du rural pour comprendre les difficultés quotidiennes qui accablent de plus en plus leurs administrés.
Il suffit de lire la presse pour se rendre compte que le flot de personnes contraintes de fréquenter les associations d’aide alimentaire ne cesse de grossir.
Et pourtant rien ne se passe au niveau politique.
Alors oui, je vais l’énoncer clairement ! Arborer l’étiquette nationaliste n’est pas assez pour revendiquer le statut de protecteur de l’intérêt général de la Corse !
Ceux qui aujourd’hui sont au pouvoir écartent toutes les critiques en renvoyant à ce qu’ils nomment les errements d’un autre temps.
Mais devant cette violence quotidienne qu’est cette pauvreté à laquelle se trouve confronté 1 enfant sur 4 en Corse, être « moins mauvais » que les prédécesseurs n’est pas suffisant !
Même si je ne suis pas nationaliste, je reconnais qu’en 2014 puis en 2015, la famille nationaliste était porteuse d’une vague d’espoir ! Elle a promis de renverser la table, de changer le logiciel.
Finalement, elle n’aura modifié que le nom des quelques bénéficiaires d’un pouvoir que les urnes lui ont accordé.
Si on veut défendre la langue corse, la première des choses c’est de se battre pour permettre à ses locuteurs de vivre décemment !
Si on veut défendre la terre corse, la première des choses c’est de se battre pour qu’elle ne soit plus une terre de misère !
Quel avenir pour notre langue, quel avenir pour notre terre, si on accepte, qu’un enfant sur 4 vive sous le seuil de pauvreté ?!
C’est vrai, on ne peut pas d’un claquement de doigts augmenter les revenus des Corses. Mais nous pouvons nous battre pour préserver leur pouvoir d’achat !
En premier lieu, on peut dénoncer les situations de monopole. Et pour cela, nul besoin d’avancées institutionnelles !
En quoi une autonomie pourra améliorer les choses, si on se refuse à voir les maux qui gangrènent notre île ? En rien, ne nous voilons pas la face !
Pendant, de nombreuses années, on nous a fait croire que la cherté des carburants était le fait de l’insularité. Les sociétés pétrolières se sont servies de ce fatalisme ancré dans notre culture pour exploiter notre île.
Lorsqu’avec le collectif « agissons contre la cherté des carburants en Corse », nous avons démontré que la cherté des carburants était due à la politique de dividendes, il a été évoqué la sauvegarde de la filière de la distribution de carburant. Où comment opposer le sort des familles des salariés des stations-services au sort des familles des usagers !
Il est inadmissible de demander à ceux qui n’ont presque rien de payer pour soutenir ceux qui n’ont pas grand-chose pendant que des sociétés se distribuent des dividendes sur le dos des deux !
La Corse bénéficie déjà d’un allégement fiscal : une TVA à 13% au lieu de 20% soit 30 millions d’euros par an ! Cet allègement les usagers n’en bénéficient pas et le groupe Rubis veut nous faire croire qu’il faudrait davantage alléger la fiscalité!
Autant le dire, on nous prend pour des perdreaux ! Pour engranger encore plus de bénéfices, ils veulent que nous réclamions encore plus d’allègements fiscaux en nous faisant miroiter que nous en bénéficierons ! Et, les élus entrent dans ce jeu !
Il n’y a qu’une seule solution ! C’est la régulation des prix. Une solution que la loi prévoit déjà dans les textes. L’article L410-2 du code du commerce permet à l’Etat de réguler les prix dans un territoire soumis à monopole.
Or, cette situation de monopole a été confirmée par l’Autorité de la concurrence !
Une régulation qui ne nous dispensera pas de réclamer la plus grande des transparences !
Et dans un contexte régulé et uniquement dans ce contexte, une baisse de la fiscalité ne bénéficiera qu’aux usagers !!
Mais voilà ! Bercy et le conseil exécutif de Corse sont exactement sur la même longueur d’onde : la régulation ce n’est pas bien !
Selon eux ça ne modifiera le prix que de manière marginale ! Ah Bon ? Sur la base de quelles études ?
Sur l’île de la réunion, où les prix sont régulés le SP95 est à 1,74€/l et le Gazole est à 1,4€/l
Autre argument évoqué : si les prix sont régulés et les maxima fixés, les stations-services se mettront toutes au niveau des maxima et il n’y aura plus d’intensité commerciale !
Mais qu’en a-t-on à faire si ces maxima sont bien au-dessous des prix que nous avons aujourd’hui ??
Enfin, il est opposé la pérennité du réseau de distribution ! Et bien, dans les territoires d’outre-mer, où la régulation est en œuvre, il n’y a pas de casse sociale ! Et la marge des stations-services est à 12 c€/l soit plus que ce qu’elles disent appliquer en Corse !
Ce n’est pas parce que chez nous, ceux qui vivent dans la pauvreté ont appris à y faire face avec fierté et pudeur, qu’il faut faire comme si cela n’existait pas !
Nous connaissons tous des personnes qui vivent dans des logements sociaux. Il suffit de s’intéresser à l’état de leur appartement pour comprendre leurs difficultés.
Alors que le prix des énergies a explosé, beaucoup vivent dans des passoires thermiques !
En 2021, Gilles Simeoni avait promis qu’au cours de la mandature suivante 8 600 logements sociaux seraient rénovés énergétiquement !
Nous sommes en 2023 et rien n’a été réalisé !
La convention d’objectifs de de moyens passée, en 2020, entre la collectivité de Corse et l’office de l’habitat de de Haute-Corse promettait près de 20 millions de travaux !
Nous en sommes en 2023 et rien n’a été réalisé !
Non seulement les travaux de rénovation ne sont pas entrepris mais il manque environ 9 000 logements sociaux pour répondre au besoin d’aujourd’hui.
Autrement dit, on pousse une population avec peu de ressources à habiter dans le parc privé. C’est-à-dire qu’on la contraint à dépenser une part disproportionnée de leur revenu pour se loger !
Et si on dénonce la spéculation immobilière dans le parc privé, en revanche il n’est mis en œuvre aucun des dispositifs existants permettant de réguler la location de meublés de tourisme du type AirBnB !!
Je vais récapituler. Pour dénoncer les monopoles, pour réguler les prix en situation de monopole, pour réguler les locations de meublés de tourisme, pour rénover énergétiquement les logements sociaux et pour en construire, il n’est nullement besoin d’une autonomie de plein droit et de plein exercice !
Toutes ces actions ont pour mérite de protéger le pouvoir d’achat des Corses ce dont pourrait bénéficier notre économie et, ainsi, engager un cercle vertueux !
Mais tout se passe comme si au lieu de combattre la pauvreté, on voulait exploiter la frustration qu’elle génère pour soutenir des revendications politiques qui n’ont rien à voir avec la défense de l’intérêt commun mais, pire, ne bénéficieront qu’à des intérêts très particuliers.
Lutter contre la pauvreté exige du courage politique et, en premier lieu, prendre le risque de se passer de l’appui de ceux qui, aujourd’hui, exploitent la misère.
Il faut considérer que tant que tout le possible n’a pas été fait, conditionner la réduction de pauvreté à la réalisation d’un préalable n’est que tentative pour masquer l’inaction politique.
Nos élus font vivre la Corse dans la virtualité d’une autonomie qui, en réponse à la souffrance réelle qu’est la pauvreté, ne propose qu’une solution qui peut potentiellement devenir concrète. Mais ce « potentiellement » n’est qu’une forme de déconnexion de la réalité.
Il est grand temps d’agir avec courage et détermination pour mettre un terme à la pauvreté en Corse. Ne laissons plus la frustration et l’injustice nous dicter notre avenir !
Une ile qui n’a à offrir à 25% de ses enfants que la pauvreté ne peut préserver ni sa terre, ni sa culture, ni sa langue !
Puisse votre lettre être lu et comprise par ceux à qui elle s’adresse, un texte si juste par ses mots ne peut être ignoré par les acteurs politiques locaux !
Bravo et merci d’éclairer ainsi nos concitoyens.
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Je vous remercie pour votre message.
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