Lorsqu’on accède au plus haute responsabilité d’une commune, on se doit de se mettre au service de sa population.
Pour cela, la première condition est de bien la connaitre afin de répondre à ses besoins.
Un rapide coût d’œil permet de comprendre que nombre de Bastiais et de Bastiaises sont dans des situations sociales compliquées. Rien d’étonnant dans une ile où 1 enfant sur 4 vit sous le seuil de pauvreté.
A Bastia, le taux de pauvreté culmine à 22% (18.3% au niveau régional). 16,57% des familles sont monoparentales (12,12% pour la Corse).
Sur les 17 798 actifs ayant un emploi, 57,3% sont soit employés soit ouvriers (52,85% au niveau régional).
Ces 57.3% des actifs bastiais ont un salaire net mensuel moyen de 1 765,7 € mais qui peut chuter à 1 210 € pour ceux qui n’ont qu’un temps partiel.
A l’opposé, 11,52% des actifs (les cadres) ont un salaire net mensuel moyen de 3 640 €.
D’ailleurs, le plan local de l’habitat (PLH) réalisé par la CAB établissait à 18 480 € la médiane des revenus annuels par unité de consommation à Bastia en 2017. Soit la plus faible des communes de la CAB et au-dessous de celle de la Haute-Corse.
Sans surprise, ce même PLH pointait que 82% de la demande de logements sociaux était concentrée sur la commune de Bastia. Une ville marquée par une pression importante de la demande avec un piètre ratio en 2019 : 1 attribution pour 8,2 demandes en cours.
La réponse de la majorité municipale Bastiaise, à cette problématique, est tout simplement effarante.
Il suffit d’analyser les projets immobiliers qui vont être conduits sur les sites de l’îlot de la Poste le site de l’ancien collège de Montesoro.
Projets dont la ville peut, pourtant, orienter les grandes lignes puisque les terrains lui appartiennent.
Pourtant, sur les 13 000 m² de surface de plancher de l’ilot de la poste, il est prévu 56 logements répartis sur 4 394 m². Parmi eux, aucun logement social prévu !
Le site de l’ancien collège de Montesoro consacrera 15 575 m² de surface de plancher à des logements. Mais, là encore, il n’y aura aucun logement social !
L’explication de Pierre Savelli donnée à Corse Net Info est tout bonnement incroyable : « On est en bordure de quartier prioritaire. […] dans un souci de mixité, on n’a pas voulu en (NDLR : de logements sociaux) remettre ici »
Alors que la population bastiaise manque cruellement de logements sociaux, le maire décide de ne pas en faire construire.
Pire, avec la destruction prévue des bâtiments 32 et 33 de la cité des monts, ce sont 104 logements sociaux qui vont être réduits en cendre.
Elue pour s’occuper de la population bastiaise, la majorité municipale a décidé non pas d’améliorer son quotidien mais de la transformer socialement. Elle veut du riche et les plus fragiles sont priés d’aller habiter ailleurs !
En attendant, ces derniers sont pris pour les pigeons de la chasse aux électeurs.
Avant le second tour de la dernière élection municipale, une convention d’objectif de moyens a été signée entre l’office de l’habitat de Corse et la Collectivité de Corse.
Elle prévoyait d’investir, entre 2020 et 2022, 832 500 € à Saint Antoine et 2,3 millions € aux Pléiades.
Pourtant, on est début 2023 et rien n’a été fait ou presque.
De même, quelques mois avant les élections territoriales de 2021, Gilles Simeoni a présenté à l’assemblée de Corse le projet de révision de la programmation pluriannuelle de l’énergie.
Il était prévu de procéder à la rénovation énergétique de 8 700 logements sociaux entre 2021 et 2028 (soit plus de mille par an)
Là encore, de vaines promesses électorales sans aucune concrétisation.
Mais, les plus aisés, ne sont pas mieux lotis. Eux, ce sont les dindons de la farce que constituent les errements de cette majorité municipale.
Ce qui est pratique avec les plus fortunés c’est qu’ils sont moins demandeurs de services publics et de prestations sociales.
Depuis 2018, les « aides de secours » consacrées à l’aide alimentaire ou financière et gérées par le CCAS de Bastia sont en baisse constante.
Elles sont passées de 244 725 € en 2018 à 130 085 € en 2021. Le nombre de foyers ayant bénéficié de ces aides a lui aussi baissé passant de 835 en 2018 à 526 en 2021.
De plus, au sein de la mairie, la précarisation est passée de 14,2% en 2012 à 24.6% de l’effectif en 2019. Ce qui ne peut que nuire à la qualité des services.
Les plus fortunés présentent aussi l’avantage de pouvoir payer les augmentations de taxes ou de prestations. Augmentations rendues nécessaires en raison d’une gestion calamiteuse de l’actuelle majorité.
Ainsi la TEOM a été augmentée en 2021 (150 € par ménage) et le prix du m3 de l’eau augmentera de 43% sur deux ans (dont 19% en 2023).
La seule compensation pour ces habitants, parmi les plus fortunés, c’est que Pierre Savelli et son équipe se refusent à réguler les locations de meublés de tourisme. Il est évident que ce ne sont pas les ménages les plus modestes qui se livrent à cette lucrative activité.
Pourtant, cette régulation permettrait de garantir une qualité et une quantité de logements disponibles pour la population permanente à des prix plus abordables.
En novembre dernier, en affirmant que « l𝘦𝘴 𝘨𝘦𝘯𝘴 𝘯𝘦 𝘷𝘰𝘯𝘵 𝘱𝘭𝘶𝘴 𝘢̀ 𝘭𝘢 𝘣𝘦𝘤𝘲𝘶𝘦́ » à propos des Bastiais, une expression plus que douteuse, le Maire de Bastia s’est livré un exercice d’autosatisfaction.
Force est de constater que ce n’est parce qu’il a permis à la population la plus fragile de s’émanciper en sortant de la pauvreté mais bien parce qu’il met en place une politique qui les contraint à quitter Bastia.
L’esprit de solidarité ancré dans la tradition bastiaise est vu par Pierre Savelli comme une politique de l’offrande. A la place, il préfère faire partir les plus pauvres, appauvrir la classe moyenne et faire essuyer les plâtres aux plus aisés!