Lorsqu’on parle de constructions en Corse, cela déchaîne les passions.
Et cette passion peut aboutir à une désinformation qui parfois peut même être de bonne foi.

Une donnée a donné lieu à plusieurs centaines de partages et de commentaires sur les réseaux sociaux insulaires.
Il s’agit d’un graphe qui montre l’évolution des permis de construire en % cumulée sur 12 mois 𝘀𝘂𝗿 𝘂𝗻𝗲 𝗽𝗲́𝗿𝗶𝗼𝗱𝗲 𝗮𝗹𝗹𝗮𝗻𝘁 𝗱𝗲 𝗺𝗮𝗿𝘀 𝟮𝟬𝟭𝟴 𝗮̀ 𝗺𝗮𝗿𝘀 𝟮𝟬𝟭𝟵.

Il montre que, alors que toutes les régions françaises ont connu sur la période une baisse, la Corse, elle, connaît une hausse de 26%.
Certains y voient la preuve de la bétonisation à outrance de notre île.

𝗠𝗔𝗜𝗦, car il y a mais, quand on prend l’évolution longue de l’évolution des logements autorisés à la construction, on s’aperçoit qu’il est erroné de baser son raisonnement sur la seule période mars 2018-mars 2019.

En effet, sur ce graphe, quand on isole cette période sur la serie longue qui débute en 2010 (entre les deux segments rouges sur la photo 2), on constate que ce n’est pas représentatif de l’évolution des logements autorisés depuis 2010.

La série longue montre une tendance baissière avec, il est vrai, des pics comme la période fin 2015-mi 2016 (juste au moment de l’adoption du PADDUC) et 𝗺𝗮𝗿𝘀 𝟮𝟬𝟭𝟴-𝗺𝗮𝗿𝘀 𝟮𝟬𝟭𝟵.

Ces deux pics font suite à une très forte baisse des logements autorisés à la construction entre début 2013 et fin 2015.

A partir, mars 2019, on assiste à une très forte baisse des logements autorisés jusqu’à atteindre son plus bas niveau enregistré depuis 2010 (pendant la 1ere année de la pandémie 2020)
Depuis début 2021, on constate une reprise qui semble s’inscrire dans la moyenne nationale

Il faut donc se méfier des analyses construites à partir d’une période courte qui n’est pas forcément représentative.
Encore plus dans une région marquée par une carrence de logements, il manque plus de 8000 logements sociaux pour répondre au besoin immédiat.

En revanche, on peut s’interroger non le nombre de constructions mais bien sur la qualité de l’urbanisation.
Tout d’abord, la piteuse qualité de notre réseau routier contraint à concentrer les logements autour des bassins d’emplois (grand Bastia et grand Ajaccio).
Les durées de trajet deviennent rapidement inappropriées pour des déplacements maison-travail.
Ce sont des zones où se concentre la majeure partie de la population qui voit des constructions. Cela donne une sensation de bétonisation. Une sensation nous l’avons vu qui ne correspond pas forcément à une réalité à l’échelle de la Corse entière.

Ensuite, la difficulté pour les communes de se doter de PLU difficiles à rédiger et souvent attaqués puis annulés.
Cela nuit à une mise en place d’une vision du développement urbanistique (étalement de la tâche urbaine: mitage)

En matière d’urbanisme et pour répondre au besoin urgent de logements de la population insulaire, nous avons besoin de moins de fantasme et de plus de pragmatisme!