Le tourisme : une abomination ?

Voila une activité des plus clivantes dans notre île. Cela nous vaut même des échanges fleuris entre les supposés défenseurs du tout-tourisme et leurs supposés opposants (dont certains n’hésitent pas à arrondir leurs fins de mois grâce à lui).

Le tourisme c’est le paroxysme du ressenti. Dans une île où l’étroitesse du réseau routier (absence d’autoroute) condamne à mélanger le flux de la Corse qui travaille et celui des vacanciers, qui n’a jamais hurlé contre un touriste qui roule au ralenti.

Et sans même connaitre la qualité de la saison, quand septembre arrive, nous ne sommes pas loin du ras-le-bol devant tous ces pumataghji qui polluent visuellement notre quotidien. Il faut dire que près de 36% des salariés ont un emploi dont le salaire ne dépend pas du tout du tourisme (administration publique, enseignement, santé, action sociale). Cela rend plus facile la critique…

Mais une première question peut se poser: ces personnes qui viennent en vacances sont elles des touristes ou les clients des compagnies de transport ? Dans le premier cas, on peut penser que c’est la politique régionale en matière de tourisme qui tente de définir le type de touristes. Dans le second, notre tourisme ne serait lié qu’aux politiques marketing des compagnie de transport qui se moquent de savoir ce que les usagers vont faire une fois en Corse.

Curieusement, les anti et pro tourisme s’accordent sur une même interprétation erronée d’une donnée en affirmant que le tourisme pèse 31% de notre PIB insulaire. C’est-à-dire qu’il produirait 31% de nos richesses. Ce qui est totalement faux !

C’est le ratio [consommation touristique] /PIB qui est de 31%. Cependant, la consommation touristique ne peut être considérée comme une composante du Produit Intérieur Brut (qui est la somme des valeurs ajoutées des branches), car elle intègre certaines consommations intermédiaires. Le ratio Dépenses touristiques / PIB est calculé à titre purement illustratif.

Selon une étude ATC Gecodia de 2012, il apparait que le tourisme crée 7% de nos richesses.

Mais n’est-ce pas déjà étonnant de constater l’indigence de données sur un sujet qui pourtant fait couler beaucoup d’encre? Car il faut remonter à 2011 pour pouvoir comparer la consommation touristique insulaire à celle d’autres régions !!

  • Corse
    • Ratio [consommation touristique] /PIB : 31%
    • Part valeur ajoutée touristique : 7% du PIB
  • PACA
    • Ratio [consommation touristique] /PIB : 12.9%
    • Part valeur ajoutée touristique : 5% du PIB
  • France de province
    • Ratio [consommation touristique] /PIB : 7.5%

Nous pouvons en tirer un premier enseignement la Corse est la région où le ratio [consommation touristique] /PIB est le pus élevé. Puisque la 2ème marche du podium est occupée la région PACA avec 12,9% !!

On peut donc considérer qu’à PIB constant il sera impossible d’augmenter la consommation touristique. Or l’analyse de cette dernière est intéressante.

Pour venir en Corse, le touriste doit avoir au moins 2 choses essentielles : son titre de transport et son hébergement.

Ces deux postes représentent 56,8% de la dépense touristique en Corse, contre 47.18 % en PACA et 42.18% en France de Province. C’est-à-dire qu’en posant un pied en Corse, les touristes ont déjà dépensé 56.8% de leur budget soit 10% de plus que celui qui débarque en PACA.

Si l’on se focalise sur l’hébergement, on constate que les résidences secondaires de vacances représentent en Corse 50% du poste hébergement en faisant jeu égal avec l’hébergement touristique marchand. En PACA il représente 46% et en France de Province 43.76%.

Cela ne manque pas d’interpeller sur la faiblesse de notre hébergement touristique marchand car à cela il convient d’ajouter les locations non déclarées. Or, ce secteur pourrait être créateur d’emplois qualifiés (notamment l’hôtellerie)

Zoom sur la culture

Notre culture est le marqueur que bon nombre d’élus veulent mettre en avant. Pourtant, le poste « musées, spectacles et autres activités culturelles » ne pèse que 0.15% de la consommation touristique soit 7 fois moins qu’en PACA ou dans la France de Province.

Conclusion

A quelques jours du 1er tour des territoriales de 2021, nous en sommes encore à débattre pour savoir si le tourisme c’est bien ou mal. Mais personne ne s’intéresse à la façon dont consomment les touristes. A tel point que les données les plus récentes ont…. 10 ans!!!

Ce qui est certain c’est que, compte tenu du ratio [consommation touristique] /PIB très élevé, à PIB constant, on ne pourra créer de nouvelles branches plus vertueuses du tourisme qu’en réorientant la consommation touristique, par exemple en baissant, le poste « transport non urbain ». Il représente à lui seul le quart de la consommation touristique. Il est 10 points plus élevé qu’en PACA.

Cela tombe bien nous avons la continuité territoriale pour influer sur la politique des transports, mais encore faut il prendre des décisions courageuses pour forcer les prix à baisser.

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