Nous marchons sur la tête!

Mais quand va-t-on se décider à enrayer cette spirale infernale qui nous conduit à renoncer à ce que notre audace nous avait permis de conquérir à savoir nos libertés?

« La peur n’applique jamais un remède à propos » disait le cardinal de Retz.

Mais dit autrement on pourrait affirmer que la peur permet de faire passer des remèdes qui n’en sont pas !

La particularité de la peur c’est qu’elle est bien plus contagieuse que les virus car elle se communique en un clin d’œil!

Et, il y a des moments où la limite entre le manque d’audace et le désir effréné de protection devient extrêmement ténue, où les élus, cédant au populisme, ne gèrent plus le problème mais la peur qu’il génère.

Si nous prenons l’exemple de la Corse, il est incontestable que la covid-19 y circule. Au 14 novembre l’épidémie aura fait 121 morts au total et on dénombre 52 personnes hospitalisées dont 15 en réanimation ou soins intensifs.

Et, effectivement, en proportion, notre ile vieillissante se trouve plus exposée. Selon l’INSEE la Corse compte 11.1% de plus de 75 ans (9.4% niveau national) et 29.5% de plus de 60 ans (25.7% au niveau national).

Il faut protéger cette population (sans, non plus, l’infantiliser en se passant de son avis), mais cela n’autorise pas à faire n’importe quoi n’importe comment !

Le Premier Ministre qui, sans masque, lors sa conférence de presse, nous a enjoints de le regarder masqués alors que nous étions chez nous, dans notre canapé, ça ne manque pas de sel.

Ce même Premier Ministre décide de garder fermés tous ces commerces jugés « non essentiels » au nom de l’urgence sanitaire.

Mais saisit-on bien qu’on ne parle pas uniquement de commerces mais bien de personnes. Celles qui possèdent ces commerces et celles qui y travaillent.

Alors les sanito-centrés montent au créneau. Au nom de l’argent on ne saurait sacrifier la santé de tous !

Mais qui parle d’argent ? Il n’est question, ici, que de survivre.

On ne parle pas d’entreprises cotées au CAC 40, on parle de commerçants dont la petite entreprise, parfois l’investissement d’une vie, leur assure un revenu juste correct.

On ne parle pas ici de rentiers mais de salariés qui risquent de perdre leur emploi dans une île marquée par la précarité et la pauvreté.

Il y a des aides peut-on rétorquer ? Il y a en Corse environ 40 000 entreprises tous secteurs d’activité confondus.

Sur la période de mars à septembre 2020 :

  • Concernant le fonds de solidarité, il y a eu 39 434 aides pour un total de 54.52 millions €. Soit une moyenne de 1 383 euros par aides !!!
  • Concernant les prêts garantis par l’Etat il y en a eu 5 737 demandes (soit 14.3% des entreprises) pour un total de 819 millions €

Aucune donnée concernant le plan Sustegnu de la CdC à destination des entreprises n’est disponible au public. Il serait intéressant de les obtenir ! (Combien d’entreprises y ont eu recours, quels montants ont été débloqués ?)

Il apparait, d’ores et déjà, certain que les aides n’auront qu’un impact marginal sur la récession économique.

Le commerce de détail, la restauration et l’hébergement sont les grands perdants de ce confinement

Maque de bol pour la Corse, cela représente environ 18% de la création de la richesse insulaire et le ¼ de l’emploi salarié de l’île.

Les commerces « équipement personne », « restauration et boisson», « coiffure beauté », tous fermés, représentent :

  • 64.32% de l’activité commerciale d’Ajaccio
  • 62.32% de l’activité commerciale de Bastia
  • 76.86% de l’activité commerciale de Porto Vecchio

C’est dire que l’économie insulaire est en grand danger. Mais nous ne sommes pas à Wall Street, ou à la City. Il n’est pas question de grand capital contrairement à ce que prétendent certains sanito-centrés. Nous parlons, ici, d’activités qui dans la grande majorité des cas permettent de sortir la tête de l’eau.

Il est question de ne pas voir une part de plus en plus importante de la population insulaire s’enfoncer dans la pauvreté en raison d’une destruction massive de l’emploi.

Alors que la région vient d’adopter le Plan d’actions Pattu pè à Ghjuventù, il semble déjà dépassé tant les chiffres du chômage sont alarmants. Selon Pôle emploi, en septembre 2020, 28% des demandeurs d’emploi ont moins de 30 ans (parmi eux 52% de femmes et 48% d’hommes)

On était en fin 2017, et le docteur Pernin, président de la Coordination inter-associative de la lutte contre l’exclusion avait déclaré : « « La pauvreté ça tue ! ».

Oui la pauvreté ça tue par le suicide des personnes qui n’en peuvent plus.

Oui la pauvreté ça tue par renoncement aux soins

Oui la pauvreté ça tue à cause des addictions auxquelles une vie de galère fait succomber

La progression des dépenses départementales pour le RSA ou encore la forte hausse de l’aide alimentaire : partout, les signaux d’alerte s’allument sur la situation des plus précaires.

Selon les associations caritatives, la crise sanitaire a fait basculer dans la pauvreté un million de Français, qui s’ajoutent ainsi aux 9,3 millions de personnes vivant déjà au-dessous du seuil de pauvreté.

On ne sauvera pas notre société de la Covid_19 en la plongeant dans une autre maladie qui s’appelle la pauvreté !

Devant cette situation, les plateformes « click & collect », prônées par certaines municipalités, apparaissent bien désuètes. Mettre nos commerçants en concurrence directe avec Amazon ou Cdiscount c’est perdu d’avance. Il faut se mettre dans la tête que si nombre d’entre nous vont au moins cher ce n’est pas par manque de solidarité mais bien par manque d’argent !

Ce n’est pas en fermant nos commerces qu’on aidera nos personnels soignants. Ces derniers veulent plus de moyens, plus de recrutements, de meilleures conditions de travail et ne plus être la variable ajustable d’une politique d’austérité budgétaire.

Concernant l’hôpital de Bastia, en 2017, il aura fallu 4 semaines d’une grève de la faim des infirmières de la section CGT, pour obtenir un déblocage de 15 malheureux millions d’euros. Une somme 4 fois inférieure au déficit qui ressemble plus à un pansement sur une jambe de bois. Et depuis ? Rien !

  • Il ne s’agit pas de défendre les commerces mais les commerçants, leurs salariés et tous les secteurs qui dépendent indirectement d’eux. On ne peut pas tirer un trait sur 18% de nos richesses.
  • Il faut mettre en place un suivi de l’économie insulaire en temps réel et arrêter de raisonner avec des données déjà obsolètes quand on les étudie. C’est à ce prix qu’on peut mettre en place des politiques efficaces et contrôler qu’elles vont dans le bon sens. On travaille toujours avec un temps de retard !
  • Il faut mettre en œuvre un protocole sanitaire strict. Il faut veiller à ce qu’il soit respecté en sévissant contre ceux qui ne le suivraient pas. Une police municipale serait bien plus utile dans ce domaine qu’à verbaliser les voitures stationnées en dépassement de temps.
  • Il faut une politique de tests ambitieuse qui permettrait à ceux qui sont positifs de pouvoir s’isoler.
  • Il faut un plan de cohésion sociale et lutter contre la cherté de la vie

On ne se contamine pas plus dans une librairie que dans un Gifi. On ne se contamine pas plus sur le boulevard Paoli ou le cours Napoléon que dans un rayon d’un hypermarché.

On ne se contamine pas plus dans un magasin de vêtements que dans un bus. Ou alors, qu’on nous fournisse des études!

Oui ! l’épidémie nous fait peur mais Stendhal a écrit “Les peuples n’ont jamais que le degré de liberté que leur audace conquiert sur la peur.”

A nous de voir si nous voulons de la pauvreté comme seule perspective ou si nous voulons faire preuve d’audace.

Sinon à quoi bon se battre ?

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