Gilles Simeoni, Président du conseil exécutif de Corse a déclaré dans une interview accordée au Figaro (16/10/2020) la chose suivante :
« Le tourisme représente 30% du PIB contre 7.5% sur le continent soit environ 3 milliards sur 9 milliards d’euros »
Or, cette affirmation pourrait donner une idée totalement erronée du tourisme. Celle de croire qui si on supprimait le tourisme d’un coup de baguette magique, le PIB insulaire passerait de 9 à 6 milliards.
Le PIB c’est l’ensemble des richesses créés sur un territoire donné. Il correspond à la somme des valeurs ajoutées (du secteur public et privé) à laquelle s’ajoute TVA mais aussi les taxes sur des produits particuliers. En contrepartie de ces taxes, les subventions reversées par l’Etat sont logiquement retranchées.
Pour être complet, une valeur ajoutée c’est la différence entre la valeur finale de la production (valorisée par le chiffre d’affaires) et la valeur des biens qui ont été consommés par le processus de production (consommations intermédiaires, comme les matières premières)
Le PIB de 8,7 milliards d’euros (2015, il faut savoir qu’il faut du temps pour avoir un PIB définitif compte tenu des milliers de données à traiter)
Le tourisme insulaire, lui, génère une consommation dont l’estimation est comprise entre 1.85 milliards (Géocodia) et 2,05 milliards (Insee), hors location de résidences secondaires. A noter que ces chiffres datent de 2011 et 2012. Effectivement, chez nous, on parle beaucoup des choses de manière idéologique donc, les données ont une importance très relative.
Selon l’INSEE si l’on rajoute la location de résidences secondaires la consommation s’élèverait à 2.5 milliards d’euros.
Cependant, la consommation n’est pas une valeur ajoutée. On peut simplement dire qu’en 2012 la valeur de la consommation touristique représente 30.1 % de la valeur du PIB alors qu’au niveau national sa valeur représente 7.7% de la valeur du PIB de la France.
Pour savoir, combien le tourisme pèse dans le PIB, il faut déterminer sa valeur ajoutée. Or, nous avons très peu de données. Cela a l’avantage d’affirmer des choses sans risque de contradiction.
Cependant, on trouve une étude de Géocodia de 2012 qui estime que cette valeur ajoutée (hors location de résidences secondaires et transport aérien et maritime) est d’environ 600 millions d’euros en 2011.
Le tourisme crée donc 7.3% des richesses insulaires contre 3% au niveau national.
A titre de comparaison :
- Le secteur public pèse environ 30% dans le PIB insulaire contre 22% dans la France de province.
- L’agriculture insulaire pèse 1.29% du PIB insulaire contre 2.44% dans la France de province.
En allant un peu plus loin on constate donc que le ratio valeur ajoutée sur le chiffre d’affaires et de 24.3 en Corse contre 37.9 au niveau national.
Ce qui démontre que les coûts des consommations intermédiaires (biens importés, matières premières, électricité…) sont plus élevés en Corse que sur le continent.
En revanche, le fait que le ratio chiffre d’affaires touristique sur le PIB soit si élevé en Corse nous enseigne qu’il serait difficile de générer encore plus de CA. Donc, si nous voulons développer d’autres activités (par exemple le tourisme vert) il convient de réorienter la façon dont les touristes dépensent leur argent.
Quand nous étudions de plus près les 2.5 milliards d’euros dépensés par les touristes, nous constatons que le transport maritime et aérien pèse à lui seul 23% des dépenses contre 11.5 au niveau national. C’est-à-dire que si nous étions dans la moyenne national ça serait environ 280 millions d’euros que les touristes pourraient dépenser dans d’autres domaines.
Vous objecterez que la Corse est une île et qu’il est normal que le poids du transport aérien et maritime soit plus important. Sauf que nous avons la continuité territoriale.
Hors transport aérien et maritime, les services culturels, sportifs et de loisirs ne pèsent que 1.2% des dépenses touristiques (hors transport aérien et maritime) contre 6.6% au niveau national. Et dans une île qui met en avant sa culture, le poste « musées, spectacles et autres activités culturelles » ne pèse que 0.2% contre 1.8% au niveau national.
C’est sans doute à cela que devraient servir les délégations des services publics dans le transport. A faire baisser les coûts des consommations intermédiaires pour augmenter la valeur ajoutée et à faire baisser le poids des transports dans les dépenses touristiques. Cela permettrait de voir des secteurs plus vertueux bénéficier de la manne touristique.
Très gros travail ! Felicitations
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Merci beaucoup!
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