Je vais le dire haut et fort ! Entre la Corse et les Corses, je choisis les Corses !! Ca y est, le voila qui pète un plomb, vous direz vous… En effet, comment peut-on dissocier la Corse et les Corses, une terre et le peuple qui y vit ?
C’est très simple ! C’est ce que font certains en s’arcboutant sur la défense d’un territoire tout en mettant de coté la situation de ce-dit peuple. L’écologie dans sa version trop engagée en est un des exemples flagrants.
On le sait, la Corse c’est une île dans la mer. La Corse c’est 875 975 hectares décomposés de la façon suivante :
- 11.7% de terres agricoles
- 85.4% de forêts et milieux semi-naturels
- 2.1% de territoires artificialisés Les espaces artificialisés recouvrent les zones urbanisées (tissu urbain continu ou discontinu), les zones industrielles et commerciales, les réseaux de communication, les carrières, décharges et chantiers, ainsi que les espaces verts artificialisés (espaces verts urbains, équipements sportifs et de loisirs), par opposition aux espaces agricoles, aux forêts ou milieux naturels, zones humides ou surfaces en eau. Ce sont les espaces où vit la population.
- 0.55% de surface en eau
- 0.16% de zones humides
Les articles de presse, par leur nombre, laissent à penser que les espaces naturels ou agricoles subissent une pression terrible et sont en voie de disparition. C’est absolument faux.
De plus, il apparait évident que si nous consacrons plus de territoires à l’homme, c’est forcément en grignotant les terres agricoles ou les milieux naturels !! Ben, oui, on ne va pas s’étendre sur la mer !
Une large partie des milieux semi-naturels est protégé par des zone de type Natura 2000, ZNIEDD de type 1 et 2, parc régional, conservatoire du littoral. Ce qui empêche toute forme d’urbanisation.
Les territoires artificialisés étant le territoire à l’intérieur duquel vit la population. Cela ramène la densité à 1 712 habitants par km² (au lieu de 36 !!). Voila, peut être, un début d’explication de la spéculation immobilière!! De plus, la moitié de la surface artificialisée est concentrée dans 4 % des communes.
Ainsi, la Corse apparaît comme une énorme réserve naturelle dont les indigènes, c’est-à-dire nous, se trouvent parqués dans 2.1% du territoire. Et pour compliquer le tout, 35.9% de la population de Haute Corse vit en zone inondable et 9.5% de la population de la Corse du Sud (les façades maritimes soumises au risque de submersion ne sont pas prises en compte).
D’ailleurs la Corse est l’Ile de méditerranée qui consacre la part la plus faible de son territoire aux espaces artificialisés.
Aujourd’hui, quelle est la situation des Corse ?
Tout d’abord, la première chose vitale c’est la question de l’avenir des Corses. Un avenir qui passe par sa jeunesse. Or, un premier chiffre est édifiant : le taux de pauvreté des ménages corses dont le référent fiscal a moins de 30 ans est de 27,2 % contre 20,4 % pour l’ensemble des ménages. Ce taux est également plus élevé que la moyenne nationale (21,9 %). J’avais déjà écrit sur la situation de notre jeunesse : https://www.facebook.com/frederic.poletti1/posts/10155306664768292
Précarité, chômage et pauvreté sont les trois maux qui la frappent.
Mais de manière générale, la population corse doit faire face à un taux de chômage élevé. Le chômage au sens du recensement (c’est-à-dire qui intègre ceux qui ont été radiés par pôle emploi) était de 13.2% atteignant 16% pour les femmes. Elle doit aussi lutter contre la pauvreté qui atteint un taux de 20.3%. Elle doit faire face à un problème de logements. En 2010, avec un taux de 12.4% de la population vivant dans un logement suroccupé, la Corse se place à la troisième position des régions les plus touchées par ce phénomène qui caractérise le mal-logement.
Le développement économique passe par l’augmentation de la fluidité dans le transport des personnes et des marchandises. Or, la Corse est la région qui a le plus faible (de très loin) nombre de kms de route pour 1000 km2 de superficie (360).
Malgré le PEI, la Corse n’a quasiment pas rattrapé son retard, dans ce domaine, par rapport aux autres régions.
D’ailleurs, à titre de comparaison, pour les Baléares c’est 938, la Sardaigne c’est 640 et la Sicile c’est 432.
Or, l’influence des infrastructures routières sur le développement économique est démontré dans des analyses de nombreux économistes, anglo-saxons en particulier (les travaux de Meade sur ce thème remontent aux débuts des années cinquante; les nouvelles théories de la croissance endogène accordent une importance croissante aux infrastructures et investissements publics considérées comme facteurs déterminants de la croissance économique),
Pour compliquer le tout, concernant les nouvelles technologies qui pourraient compenser la déficience des infrastructures, la Corse est la région (ancien découpage) qui compte la part de la population la plus faible éligible à un très haut débit supérieur à 30 MB/s (22.6%)
Nous avons, donc, d’un coté une Corse préservée à 87% ou 98% si on intègre les espaces agricoles, et de l’autre coté un peuple pour lequel tous les voyants sociaux sont dans le rouge !
Bien entendu, la nature doit être protégée des intérêts particuliers mais l’intérêt général ne doit pas s’effacer derrière le dogme d’une écologique exacerbée. Un dogme qui considère l’homme comme un nuisible.
Sans nature pas de peuple (c’est certain) , mais sans peuple que nous importe la nature !
De nombreuses communes sont coincées entre loi littoral, loi montagne et espaces naturels protégés. Elles en peuvent même plus assurer des logements pour les enfants de leurs habitants faute d’espace artificialisé. Or, une commune qui ne se développe pas est une commune qui se meurt.
N’oublions pas que si la Corse est corse c’est avant tout par son peuple, son histoire et sa culture. Et, certainement pas, en raison de ses plages, de ses montagnes ou de ses arbres !