Harcèlement sexuel: la loi peut-elle pallier l’absence d’éducation?

Je suis en train de la raccompagner chez elle. J’ai envie de tenter ma chance ce soir. Il faut dire que cela fait plusieurs fois que nous sortons et nos soirées ont, toujours, quelque chose de magique comme une parenthèse dans le temps.
Nos regards qui s’accrochent l’un à l’autre quand nous finissons nos discussions, comme si, eux, n’en finissaient pas de se parler. Nos mains qui se frôlent un plus longtemps qu’il ne serait nécessaire quand le hasard les met en contact.
Cependant, je n’ai aucune certitude quant à la réciprocité de mon attirance. Après tout, il se peut que seule mon amitié l’intéresse.
Je marche près d’elle, elle me parle mais je n’arrive pas à l’écouter. Mon cerveau mouline à fond. Le baiser que je m’apprêter va-t-il trouver ses lèvres ou sa réprobation ? Quelle est le meilleur moment pour l’embrasser?
Je lui réponds machinalement, mon esprit est ailleurs.
J’ai l’impression d’être un plongeur au bord d’une falaise, inexorablement attiré par le vide. Je sens mon cœur battre à m’en rompre la poitrine.
Le temps passe trop vitre. Nous arrivons, déjà, à la porte de son immeuble. Elle habite un quartier peu éclairé. Nous montons les marches qui mènent à la porte de son immeuble.
Elle se tourne vers moi après avoir pris les clés dans son sac. Ce n’est pas l’endroit que j’imaginais mais c’est maintenant ou jamais ! Ma tête se penche, mes lèvres se rapprochent des siennes. Le temps semble s’être suspendu.
Quand soudain..
Quand soudain, je pense à l’article 222-3 du code pénal : « Le harcèlement sexuel est le fait d’imposer à une personne, de façon répétée, des propos ou comportements à connotation sexuelle qui soit portent atteinte à sa dignité en raison de leur caractère dégradant ou humiliant, soit créent à son encontre une situation intimidante, hostile ou offensante
Est assimilé au harcèlement sexuel le fait, même non répété, d’user de toute forme de pression grave dans le but réel ou apparent d’obtenir un acte de nature sexuelle, que celui-ci soit recherché au profit de l’auteur des faits ou au profit d’un tiers ».
Or, selon le petit Robert, draguer c’est chercher à faire connaissance avec qqn en vue de relations érotiques
Je me dis que je m’apprête à lui voler un baiser sans savoir si elle est d’accord. Et l’endroit ? Oui la rue de son immeuble est sombre voire pas trop sure… L’endroit que privilégierait, sans aucun doute, un pervers pour commettre son acte odieux.
Et, puis, c’est moi qui suis toujours à l’origine de nos rencontres… J’ai fait le premier pas pour l’inviter.
Si elle prend peur, non seulement je peux prendre une gifle mais pire je risque deux ans de prison et 30 000 € d’amende…
Pris d’effroi, j’ouvre les yeux, lui claque deux bises et tourne les talons sans même m’apercevoir que ses lèvres s’apprêtaient à accueillir mon baiser.
Non, je lui ferai part de mes intentions par courrier avec accusé de réception afin de m’assurer qu’elle les partage.
Il est certain qu’il faut sanctionner les nuisibles dangereux. Et, la loi est faite pour cela. Mais, depuis l’affaire Harvey Weinstein, l’opinion publique se déchaîne. Mort aux porcs !
On demande plus de sévérité. On en oublie que la sanction s’applique quand l’éducation a échoué.
Une loi peut punir les auteurs d’actes ne souffrant d’aucune subjectivité. Mais, elle ne saurait faire la différence entre le gros « lourd » et le gros « porc » (référence au #balancetonporc)
Le petit Robert affirme que la drague c’est chercher à faire connaissance avec qqn en vue de relations érotiques. Et, chercher à faire connaissance, c’est trouver le moyen de « s’imposer » à la personne que l’on veut connaitre. Et, ce moyen est plus au moins subtile. Or, la loi ne pourra jamais définir cette subtilité. En, revanche, elle est liée à la vision que la société porte sur les femmes et à notre éducation.
Or, quelle est cette vision quand, à travail égal, une femme est rémunérée 24% de moins qu’un homme ?
Et, puis il y a la dictature du couple. Toute notre société repose sur le couple à commencer par nos impôts. Une femme doit être mariée et vivre sous le même toit que son conjoint. C’est-à-dire que, malheureusement, dans l’esprit de beaucoup, il manque forcément quelque chose à une femme vivant seule. Donc, elle recherche forcément un « mâle » Ou, alors, c’est qu’elle a un problème.
Sans même parler des vidéos X que bon nombre d’adolescents prennent pour des modes d’emploi de la relation homme-femme.
La loi, par sa sanction, doit effrayer le délinquant mais elle ne peut se substituer à l’éducation. Nelson Mandela a écrit : «L’éducation est l’arme la plus puissante qu’on puisse utiliser pour changer le monde.». Gageons que cela reste le meilleur moyen de changer la vision que notre société porte sur les femmes

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