Cher Daesh,
Tout d’abord, si je te donne du « cher » n’y vois qu’une formulation. Je préfère être franc, je n’ai que le plus profond mépris pour toi.
Oui, depuis ce vendredi 13 novembre, nous pleurons nos morts. Et, c’est vrai, tu as réussi à imprégner nos cœurs d’une immense tristesse. Toutes ces vies gâchées par ton abominable bêtise.
Malgré tout, le lendemain soir, je suis sorti dans un lieu que tu qualifies de perdition et j’ai partagé du vin blanc avec des amis pour refaire le monde tout en écoutant de la musique. D’ailleurs, figure toi que nous avons trinqué à la vie !
Tu le vois, il n’y a nulle peur, nulle terreur. Ton exploit n’a été que de manipuler et d’armer des hommes fragiles d’esprit. Tu as choisi de petits délinquants pour en faire des assassins. Avec toi, c’est la promotion assurée, on passe du vol à la tire à l’assassinat en masse. Ton slogan pourrait être : Avec Daesh, deviens plus con que con !
Bref, ton courage se résume à faire parler les armes contre une jeunesse innocente. Tu m’excuseras mais en matière de courage, j’ai vu beaucoup mieux.
Cela dit je comprends la haine de ton chef, Abou Bakr al-Baghdadi, envers une jeunesse aimant profiter des joies de la vie. Déjà, son parcours parsemé d’échecs a dû alimenter sa frustration. Et puis, son physique… De toi à moi, Allah n’a pas été sympa avec lui. On imagine aisément que sa relation avec les femmes a été une longue, très longue, traversée du désert. Et, après avoir accumulé les râteaux, en bon salafiste, il a fini par se persuader que la femme n’est qu’un corps, une enveloppe charnelle, un instrument de plaisir, un foyer de tentation ambulant (Ben voyons, ce n’est pas qu’il n’a pas de succès c’est que Monsieur résiste à la tentation !!) et non douée de raison. Ah ! C’était donc cela…Si les femmes ne l’aiment pas c’est qu’elles ne sont pas douées de raison … Mais bien sûr !
Assez parlé de ton insignifiant petit chef… Revenons à nos moutons !
En fait, tu as commis une erreur. Tu as cru que notre vieux pays serait désemparé par un tel déferlement de violence.
Mais, le vieux peuple du vieux pays auquel j’appartiens a une longue histoire. S’il peut, parfois, l’oublier, il sait par où il est passé pour défendre sa liberté.
Il me semble que tu as perdu de vue qu’au cours de notre long passé nous avons connu les affres du fanatisme qu’il soit religieux ou fasciste. Et, nous avons toujours su surmonter les épreuves pour défendre notre liberté.
Là où, toi, tu méprises la vie, nous en connaissons sa valeur. Pourtant c’est en connaissant son prix inestimable, que nombreux d’entre nous ont sacrifié leur vie pour défendre les valeurs de notre démocratie. Reconnais que sacrifier quelque chose qui a de la valeur, ça a plus de gueule que sacrifier quelque chose que tu méprises !
Tu évoques dans ta revendication tes « huit frères ». Déjà, vu le sort que tu réserves à tes « frères », tu m’excuseras, mais je préfère ne pas en être. Oui, tu as inventé l’étonnant concept du « frère jetable ».
Cependant, il faut que je t’explique. La France compte 60 millions de frères. Tu en doutes ? Il te suffit pourtant de te référer à notre devise. Tu comprends maintenant ? C’est la Fraternité de « Liberté, Egalité, Fraternité ».
Mes concitoyens sont mes frères. Et cela sans distinction de race et de religion. Cela veut dire que là où tu exiges la mort pour que des hommes deviennent tes frères, nous, nous nous battons pour assurer à chacun de frères l’accès aux grands principes de notre République.
Voila qui va singulièrement compliquer ton véritable objectif. Car, il est évident que tu souhaites par tes actes lâches, que les musulmans français soient stigmatisés et victimes de représailles. Je ne te cache pas que certains de mes concitoyens risquent de déchainer leur haine. Et, oui… Malheureusement, tu n’as pas le monopole de l’abjection.
Mais la grande majorité a compris que tu es à la religion musulmane ce qu’Hitler était à la démocratie. Et que tout amalgame est impossible.
Et, puis au nom de notre Fraternité républicaine, les Français musulmans sont plus mes Frères que les tiens. Et surtout, ils n’ont pas besoin de mourir pour l’être.
« Cette attaque n’est que le début de la tempête » nous préviens tu ? Mais mon pauvre petit Daesh… Décidemment, ta bêtise n’a d’égale que ta lâcheté.
Tu n’aimes pas la musique, c’est vrai, mais tu devrais te renseigner sur les hymnes des pays que tu attaques. Ca pourrait t’aider à y voir plus clair sur leur histoire. Alors, je te livre ce passage de notre hymne :
« Amour sacré de la Patrie
Conduis, soutiens nos bras vengeurs
Liberté, Liberté chérie
Combats avec tes défenseurs!
Sous nos drapeaux, que la victoire
Accoure à tes mâles accents
Que tes ennemis expirants
Voient ton triomphe et notre gloire! »
Alors, bien sûr, cet hymne a été écrit en 1792. Depuis plus de 200 ans, par chance ou grâce à Allah (comme tu voudras) nous sommes dotés d’un cerveau et nous savons nous en servir, nous avons évolué. C’est ce qui fait notre différence car toi tu veux appliquer ton Islam comme au VIIème siècle !
Nous n’allons, donc, non pas te passer au fil de notre épée, mais nous allons te combattre de toutes nos forces. Sans haine mais par amour de la liberté.
Car, vois-tu, je ne les connaissais pas mais pourtant j’étais lié à Stella, Djamila, Marie, Vincent…et toutes les autres victimes dont tu ignores les noms. J’étais lié, à elles, par ce ciment que l’on appelle Fraternité républicaine.
Ils étaient mes frères, mes parents, mes enfants, mes amis. Ils étaient moi. Et, je suis eux.
Aujourd’hui, je suis catholique, juif, musulman et athée. Aujourd’hui, je suis blanc, black et beur.
Et, le petit anonyme, que je suis, appartenant à un vieux peuple d’un ancien pays va te combattre. Et, avec lui, des millions d’autres citoyens.
Nous allons mordre à pleines dents cette vie que tu méprises tant.
Nous allons chérir notre liberté.
Nous allons aider ces réfugiés qui fuient ta barbarie afin qu’ils puissent mieux t’affronter.
Nous allons nous servir de leurs témoignages pour émanciper ces femmes que tu oses appeler « mes filles » ou « mes sœurs ».
Nous allons leur inculquer, grâce à la laïcité, ces valeurs de liberté, d’égalité et de Fraternité. Et, une fois émancipées, elles se serviront de leur voile pour te bâillonner.
Je comprends enfin pourquoi tu n’aimes pas la musique. Car « si les cons dansaient, tu ne serais pas dans l’orchestre ».
Je te prie d’agréer, insignifiant Daesh, l’expression de mes sentiments les plus détestables