Quand on a une dette, on doit la rembourser. Ca, c’est du principe. Oui, où irait on si on tolérait que le débiteur ne soit pas mis devant ses responsabilités. Et, heureusement, nous avons l’Allemagne pour veiller à l’application de ce grand principe de l’humanité, euh de l’économie. Certes, comme la majorité des donneurs de leçons, les principes ne valent que pour les autres. Ainsi les dirigeants allemands n’avaient vu aucun mal à l’effacement de leur dette en 1953.
L’Allemagne est exposée à hauteur de 56.5 milliards d’euros dans la dette grecque. Pour établir un ordre de grandeur cher aux fanatiques de l’austérité, cela représente 652.3 euros par Allemand. On comprend mieux l’intransigeance de Wolfgang Schäuble le ministre allemand des finances. On peut, seulement, regretter qu’il n’ait pas été aussi intransigeant lors du scandale du financement de son propre parti politique, le CDU.
Seulement, voila, l’institut allemand Leibniz d’études économiques a rapporté que la crise grecque avait rapporté à l’Allemagne environ 100 milliards d’euros !! Soit presque deux fois plus que l’exposition allemande à la dette grecque. En gros, la crise grecque aurait rapporté 577.3 euros à chaque Allemand.
L’institut Leibniz arrive à ce chiffre en affirmant que la ligne très dure de l’Allemagne envers la Grèce rassure les marchés, ce qui lui permet d’emprunter à des taux anormalement bas (inférieurs à 3% de ce qu’ils auraient dû être)
De plus la société allemande Franport, entreprise sous contrôle publique (le bundesland de Hesse détient 31.49% et la ville de Francfort sur le main 20.11%), vient de rafler 14 aéroports grecs pour la somme de 1.23 milliards d’euros. Parmi eux, des aéroports ultra touristiques dont Corfou et Thessalonique. Ce dernier aéroport est le 76ème le plus fréquenté d’Europe (plus de 5 millions de passagers en 2014). A titre de comparaison, l’Etat français a privatisé la moitié de l’aéroport de Toulouse Blagnac (58ème aéroport le plus fréquenté d’Europe) pour 308 millions d’euros. La moitié de l’aéroport de Toulouse représente le ¼ des 14 aéroports grecs dont certains sont parmi les plus fréquentés d’Europe.
Mais il se trouve que la Grèce doit privatiser pour 50 milliards dans un temps très court. Ce qui empêche les négociations permettant de vendre au juste prix.
On comprend mieux le « touche pas à la dette grecque ! » des dirigeants allemands alors que de plus en plus d’économistes ou d’institutions financières comme le FMI appellent à un effacement partiel de la dette