Apres avoir parlé des « cons », sujet universel par excellence, l’envie me vient d’aborder un autre sujet dont l’universalité ne fait aucune doute : l’amour.
Non, ami lecteur, rassure-toi ! Je ne viens pas de regarder une nième fois « Sisi l’impératrice » ou la 457ème diffusion de « Love story », qui avait relancé, dans les années 70, l’industrie du kleenex.
En fait, c’est après avoir discuté avec un ami que l’envie m’a pris de m’essayer à parler de ce sentiment. Etonnant ! Entre eux, les hommes ne parleraient pas que de cul! tiens donc?
En évoquant, l’amour, nous pourrions définir une 1ère catégorie.
C’est ce que j’appellerai l’amour naturel. L’amour naturel est celui qui existe entre les parents et les enfants ou entre frères ou sœurs. C’est un amour qu’on ne choisit pas puisque, par nature, on ne choisit pas sa famille. Il n’est pas nécessaire de développer cet amour puisqu’il s’impose à nous.
En revanche, la seconde catégorie. Ce que je définirai comme « l’amour créé ». Une création au sens artistique du terme.
D’emblée, éliminons l’aspect passionnel ou la passion racinienne. Il s’agit presque d’un autre sujet. Cette œuvre d’art, donc, appelé amour est la conséquence du destin ou du hasard selon que l’on croit ou pas en l’existence d’un être supérieur.
Ne nous attardons pas sur la rencontre, elle-même, car il y a, sans aucun doute, autant de forme de rencontres que de couples sur cette terre. Chaque couple est persuadé que la rencontre de l’être aimé a été la plus originale qu’il n’y ait jamais eu. D’ailleurs, nous avons, régulièrement, droit au récit de cette rencontre. Bref, passons !
Alors, résumons : un jour on rencontre une personne et on l’aime. S’il est difficile de disséquer l’amour, nous pouvons isoler deux notions incidentes.
D’une part, il y a une notion de durée. Oui, parce que le coup d’aimer pour une nuit et le lendemain « tu disparais », c’est un peu léger ! Nous parlons de l’amour qui nait du cœur pas de celui qui prend naissance au dessous de la ceinture !
Qui dit « durée », dit couple. Or, les notions de couple et d’amour n’ont pas été toujours liées. En effet, il y a un temps pas si lointain, le couple était une règle sociale. Il fallait être marié pour être socialement accompli. Ce qui peut expliquer la notion de dot pour inciter le mariage.
Les couples étaient plus liés par la raison que par l’amour. En gros, c’était « épouse avec raison, l’amour tu verras ça plus tard ! ».
Or, avec l’émancipation sociale des femmes, le couple est devenu, de manière générale, la conséquence de l’amour. Il faut savoir être aimé (même si être riche peut y aider).
L’autre notion, c’est le désir. Oui, l’amour platonique, c’est beau mais ça a ses limites. Il est à noter que si l’amour déclenche le désir, il n’en a pas le monopole!
Donc de l’amour découleraient deux notions : le couple (ou durée) et le désir. Mais l’amour lui ? Comment le définit-on ? on y arrive !
Donc, « un jour on rencontre la Personne et on aime »…
Au début de cet amour, tout est beau, on sourit béatement quoiqu’il arrive. « Steve la bourse s’effondre tu es ruiné !! ». Mais Steeve s’en fout, il sourit il pense à Angela ».
On a envie de découvrir l’autre. L’absence de l’autre devient pesante. En présence de l’autre, le temps passe trop vite ou se suspend.
Mais, finalement, il n’y a aucune originalité car tous ceux qui aiment vivent ces moments.
Ce que je viens de décrire n’est pas l’amour. Ce que je viens de décrire est à l’amour ce que la toile vierge est à la peinture. C’est, uniquement, après l’euphorie des débuts que l’amour se crée. Car, si au commencement, rien ne semble résister à la puissance de ce sentiment nouveau, arrive, ensuite, le temps du couple.
Qu’il soit lié par les liens sacrés et/ou civils ou pas, le couple est l’association de deux vies, deux histoires. Le couple doit savoir évoluer en même temps que les deux vies qui se sont unies. Il doit y avoir épanouissement des deux êtres et du couple. Et, c’est à ce moment précis, lorsque les prémices de l’amour conduisent au couple, que l’amour doit se créer, avec le compromis comme instrument.
Si tous les amours commencent de manière identique, à partir d’un moment ils se mettent à différer voire à créer une névrose spécifique à chaque couple.
Si nous étions prêt à nous battre pour l’être aimé tel un vaillant prince charmant, rien ne nous préparait à nous battre pour le lien qui nous unit à lui.
Il est, en somme, beaucoup plus facile d’être amoureux pendant 15 jours que de l’être encore au bout de quelques années. Si les contes pour enfants se terminent toujours pas « ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants », force est de constater que le « comment » ne nous a jamais été expliqué.
Dès l’enfance, les premières notions que l’on nous inculque se trouvent, justement, dans les contes. Et, là, la barre est mise très haut. Surtout pour, nous, les hommes.
Effectivement, s’il y a une princesse charmante, elle est fort peu décrite. A chaque fois, il s’agit d’une jolie princesse, souvent blonde, qui s’est mise dans une situation impossible ! On pourrait même se demander si ce n’est pas la même dans tous les contes ! Une princesse charmante un peu nympho qui se taperait tous les princes charmants. Non, je m’égare !
Le prince charmant lui, doit faire preuve de courage : soit il trucide des dragons, soit il combat la bête, soit il déjoue les plans de la vilaine sorcière. Il peut même à l’occasion embrasser une grenouille qui se transforme en…princesse charmante.
En gros, les contes pour enfant, nous initient dès notre plus jeune âge à l’amour impossible. Car, le vrai amour pousserait à faire des choses relevant de l’impossible !
C’est assez cocasse, non ? Mais, on peut se demander si l’amour impossible n’est pas au final le plus parfait. Effectivement, qu’y a-t-il de plus parfait que « rien » ? « Rien » est incomparable et « rien » ne peut être soumis à la critique.
Plus tard, dans notre adolescence, après que les plus naïfs ont embrassé quelques grenouilles en vain, on nous sert un autre concept de l’amour avec quelques classiques de la littérature. Par exemple, on y apprend, au travers de la lecture de « Roméo et Juliette » ou de « Tristan et Iseult » que l’amour éternel, celui auquel nous aspirons tous, est l’amour qui nait dans la mort ! En somme, aimer de manière absolue et romantique ou vivre, il faut choisir ! Voila aut’chose !!
On arrive, donc, dans le monde adulte en ayant eu comme vision de l’amour soit son impossibilité par la réalisation de choses invraisemblables (tuer le dragon) soit sa possibilité mais au travers du don de sa propre vie !
En définitive, nous abordons la vie adulte avec une perception très métaphorique de l’amour. On a une idée de comment le reconnaitre mais rien ne nous prépare à comment le créer.
Camus a écrit « l’œuvre d’art naît du renoncement de l’intelligence à raisonner le concret ». Cela me parait le meilleur moyen de créer l’amour !